[JdD] – Réflexe d’opposition

Émilie • 13 avril 2011

Le « peignage des rênes » en montant la main pour faire descendre la tête du cheval est un scandale pour certains cavaliers bauchéristes ou éthologues car il est basé sur la réponse du cheval par un réflexe d’opposition, réflexe tant redouté par tous puisque la base du horsemanship est de le faire céder à la pression, et donc de rendre inconfortable toute opposition à cette pression.

Demander au cheval qu’il « s’oppose à la main » (qu’il la suive serait plus juste) au lieu de lui céder semble une hérésie ridicule et intolérable. Mais la critique est toujours facile, ont-ils tous réellement essayé, tout d’abord la véritable extension d’encolure d’une façon générale, en laissant descendre le cheval de lui-même avec quelques exercices sur le cercle et avec la main basse (Henriquet…), ou en peignant les rênes (Pradier…) ?

Pour ma part, j’ai essayé les deux. Et il n’y a pas de quoi en faire un fromage. Pendant de nombreuses années, je suivais les conseils de Michel Henriquet, observant aussi Pierre Pradier venant donner de précieux conseils à Catherine. Je laissais filer les rênes lorsque le cheval se décontractait jusqu’à mettre la tête en bas sans s’enrouler en essayant de le garder lent, puis j’y ajoutais les exercices comme la contre-épaule en dedans… Kelso a fait des progrès considérables et cet exercice d’assouplissement et de musculation nous a toujours suivi, étant l’élément fondateur de sa masse musculaire, de son amplitude, de sa relaxation… La rencontre directe avec Pierre Pradier fut très tardive, il y a environ 1an et demi. J’amenais au vétérinaire le cheval boiteux revenant du CIRALE et qu’il fallait infiltrer. A cela, il commença par changer le parage et la ferrure puis à nous aider à parfaire les exercices appropriés aux faiblesses biomécaniques de l’ibérique. A ce stade, il m’expliqua que pour que Kelso puisse réussir ses changements de pied, pour de meilleures transitions piaffer/passage, ainsi que pour rééduquer l’asymétrie des posés des membres répercutée dans le dos, il fallait qu’il puisse descendre comme il le faisait déjà bien, mais en m’emmenant d’avantage, afin qu’il prenne le contact proposé et qu’il “tire sa charrette” aux trois allures et surtout dans les transitions dans lesquelles Kelso lâchait en fait le contact et le dos. A ce moment le peignage des rênes et la main un peu haute vers l’avant devint un code (de plus en plus discret) qui permettait à Kelso de comprendre l’exercice et l’incitant à se tendre d’avantage et à monter le dos en améliorant la constance d’un contact et non l’appui. Les résultats furent étonnant, pour la première fois depuis 6 ans, les changements de pieds devenaient faciles, calmes et amples (le cheval ne boitait plus). Il avait encore gagné en force dans le dos, les abdos et dans l’arrière-main, ses allures s’étaient encore améliorées. Pour autant, lorsque je passais à d’autres exercices, lorsque je lui demandais un ramené proche du rassembler, lorsque dans la même séance, je finissais sur du piaffer ou des pirouettes au galop, il s’était également allégé… Pourquoi ne donne t-il pas de coup de tête, pourquoi n’arrache t-il pas les rênes, pourquoi ne tire t-il pas et ne se met-il pas sur les épaules, pourquoi continue t-il de jouer en éthologie, à être respectueux, à céder à toutes les pressions et des plus discrètes ? Alors que, grossière, j’étais tombée dans les travers de ce malheureux réflexe d’opposition. Peut-être que Kelso est un cheval d’une intelligence rare pouvant faire la différence entre toutes ces aides si différentes et contradictoires !

Pour conclure, on peut crier au loup sur beaucoup de choses, et bien que je ne sois pas convaincue par l’excès d’appui de certains chevaux dans cet exercice, la polémique sur le réflexe d’opposition semble déplacée et un peu gratuite. Alors oui, le peignage des rênes entraîne un réflexe d’opposition et après ? Tout instrument mal utilisé est dangereux.

La vidéo de Aude et de sa jument (dans un article précédent) démontre que le cheval peut “tirer sa charette” sans avoir besoin de mors, j’attends le stage de Pierre Pradier avec impatience afin de l’interroger sur cette découverte, afin de comprendre en quoi le contact constant dans l’extension d’encolure semble être l’élément déterminant au résultat biomécanique recherché.

L'association Connivence

Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.

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