[JdD] – Perfectionnisme (vidéo)

Émilie • 7 août 2011

Je ne souhaite pas apprendre à Kelso certains airs que l’on demande aux chevaux tels que révérence, couché, assis, cabré, ces mouvements ne m’émerveillent pas,  mais c’est un goût tout personnel et je ne porterais pas de jugement dessus. Je sais que ma recherche se place ailleurs, dans l’obsession du geste juste, de l’amélioration des allures naturelles jusqu’au rassembler enrichie de la notion participative du cheval. Le geste juste serait celui qui n’use pas le cheval, lui permettant une expression corporelle artistique sur le long terme et d’embellir le cheval jusqu’à un âge avancé. Ceci obtenu grâce à une gymnastique lente et respectueuse, développant une une musculature appropriée et spécialisée, une souplesse pour acquérir l’élégance et la grandeur du geste, la facilité d’exécution, et une maîtrise de plus en plus subtile de l’équilibre. Pour cela le cheval doit être acteur, complice, et y trouver un certain confort, s’amuser à devenir beau.

“Il faut donc tâcher que le cheval “croie qu’il est son maître” et qu’il n’attende pas nos efforts. Il faut qu’il agisse de lui-même d’après nos indications.”

Beudant

J’utilise la liberté par exemple pour faire piaffer le cheval, comme ultime preuve qu’il y est consentant, mais pas pour lui enseigner,  et si le mouvement se détériore, ma quête retournera à un travail classique et non à la répétition du mouvement libre qui amène parfois à des aberrations comme des chevaux dans un faux passage suspendu associé à une jambette unilatérale donnant au malheureux cheval un air d’animal boiteux plus que d’artiste élégant.
Chaque étape du dressage d’un cheval comporte des instants passionnants, aujourd’hui que Kelso a 13 ans et qu’apparaît une certaine forme de maturité et de savoir, j’apprécie de retourner aux gammes en me concentrant sur la minutie du détail, comme un travail d’orfèvre qui vise à améliorer toujours un mouvement déjà connu. Tel un danseur étoile où tout semble fluide, gracieux, facile, où la maîtrise parfaite de la force, équilibre et souplesse, a été travaillé des années durant, je souhaite que Kelso gagne en autonomie, en équilibre, en ampleur, en plaisir d’exécuter, qu’il développe son style et son âme artistique. Ce travail est infini.

Une fois les qualités du cheval développées, ce qui correspond à la première partie de son dressage afin de lui rendre les choses faciles, il s’agit de travailler sur ses faiblesses (asymétries, manque de force…) pour lui donner les moyens de s’exprimer seul.

Le travail actuel consiste donc, après les assouplissements indispensables, à perfectionner les petites choses en instaurant un dialogue afin de lui faire comprendre que je souhaite qu’il participe aux mouvements, qu’il en soit l’acteur, qu’il puisse les réussir seul sans soutien ni support de force, comme par exemple la difficile transition passage/piaffer/passage qui devient magique que lorsque le cheval y prend plaisir à se montrer savant. Pour cela il faut qu’il ait compris que l’exécution immédiate à la moindre indication et dans un maximum de majesté lui donner immédiatement le confort du repos, ainsi il jouera à chercher ce confort au lieu d’être une victime opposée et résistante par douleur et incompréhension. Le manque de force de Kelso le pousse à raidir la ligne du dessus et à lâcher la main dans le rassembler, ce qui est une fausse légèreté et limite la progression du geste. Pour Pierre Pradier, il lui manque cette quête du contact dans les airs rassembler, cette volonté du mouvement en avant permanente par la fidélité à la main, n’excluant par la légèreté bien entendu mais l’abandon. Nous avons étudié le problème récemment lors d’une rencontre fort sympathique avec Antoine Bancaud. Le cheval vient à la quête du contact sur la rêne extérieur et « entre en religion », tout se met alors en place, dos, contact, équilibre, lenteur, soutien, mais toujours difficile à conserver dans le piaffer/passage/pirouettes au galop. La sensation d’un cheval qui emmène toujours vers l’avant est divine, cela se traduit par un contact constant mais léger, une présence absolue traduite par une réponse instantanée à la moindre contraction fessière, plus besoin d’agir autrement que par la pensée, plus d’artifice, de mouvements parasites… La « centaurisation », sensation de ne faire qu’un, se rapproche toujours plus loin.

“Je veux un cheval énergique et en avant. Mais néanmoins mon équitation est basée sur la décontraction physique et mentale et l’absence de force, car tout ce qui est fait en force crispe, contracte le cheval. Le rassembler est basé sur la relaxation. S’il est basé sur la compression, ce n’est plus du rassembler.”

Oliveira

Gagner en ampleur, fluidité d’un geste ou d’une transition, minimiser l’effort à fournir en développant la force spécifique à un exercice, « patience et longueur de temps », armes indispensable au travail sans artifice pour éviter, en portant le cheval par la main et en le poussant continuellement par les jambes d’en faire une machine inerte et dépendante, qui se laisse emmener (ou pas), absente, parfois même dissocié, le regard lointain et la mécanique qui pousse la masse toujours plus en avant.

Sur cette vidéo
Le travail consiste à essayer que Kelso garde la volonté du mouvement en avant en venant tendre ses rênes en gardant la propulsion arrière, c’est à dire en se  grandissant, le dos et le garrot montant, jusque la nuque qui vient avancer et permettre la flexion de nuque d’elle-même, tout en étant très lent et rassembler.
“Le contact, ce n’est pas prendre la tête du cheval, mais c’est le contact léger que le cheval prend parce qu’on l’envoie sur la main.”
Podhajsky
“On dit : “Poussez le cheval sur la main”. C’est une erreur. Ce n’est pas le cavalier qui impose le contact. C’est le cheval qui établit un contact moelleux, suite à des exercices appropriés.”
Oliveira
“C’est le cheval qui, par l’impulsion et l’engagement des postérieurs, doit venir chercher le contact.” Oliveira
Ce n’est que maintenant que Kelso peut supporter ce type de travail et l’arrondissement complet de l’arrière vers l’avant dans son ensemble, la force du dos, des abdos, des muscles de soutien de l’avant main, la propulsion, gagnée par le travail en extension d’encolure lui donne aujourd’hui les moyens de pouvoir se fléchir dans son ensemble. Il s’agit là d’une étape, le contact recherché étant franc, et à conserver dans les différents exercices comme la transitions pas/piaffer/pas. Une fois dans cette attitude, vient une réceptivité étonnante. Peut-il entrer dans le piaffer ou le galop quasi sur place avec le minimum d’aides, peut-il garder l’équilibre du pas sans changer de cadence, s’effondrer, courir ou se retenir ? L’ingrédient de base est de maintenir les postérieurs en ligne sans quoi il ne peut propulser son énergie jusque vers la nuque, pour cela je remets constamment les épaules devant les hanches (on voit bien dans un arrêt au début la hanche droite se décaler) et utilise le coin en épaule en dedans pour l’engagement du postérieur intérieur. La légèreté absolue dans cette attitude viendra plus tard, le fait de tirer sur sa nuque permet aux cervicales de ne pas s’écraser même dans cette rondeur maximale. On peut encore noter l’asymétrie de flexion de hanche entre le postérieur droit et le gauche qui a encore besoin d’être assouplit.
Travail au passage : essayer qu’il conserve cette allure qui ne lui est pas naturelle, recherche de lenteur toujours vers le contact.

“Et la main reçoit ce que l’arrière lui envoie. C’est le vrai contact.”

“…c’est le cheval qui doit rechercher l’appui sur la main.”

Oliveira

L'association Connivence

Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.

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